Les images de Brigitte Bauer n'ont d'autre artifice que l'intention. Et un cadre dont elle a seule le secret. Il semble constamment s'en échapper des émotions, des histoires, des non-dits, des révélations et parfois l'aspiration vers un ailleurs indéfini.
Après le livre D'Allemagne publié en 2003, ce nouvel ensemble de photographies inédites est proposé sous le titre de Haus Hof Land (maison ferme pays). Cela pourrait sembler plus intime et plus personnel. Il n'en est rien. Au contraire. La distance croît. La pudeur se développe. Et le détachement laisse toute la place au spectateur qui peut y lire, voir découvrir, son propre parcours. Le regard tient lieu de révélation.
Des images suspendues sans être immobiles, pleines de souffle et de respirations, émergent ces émotions étranges et parfois âpres que ressentent les déracinés. L'amour et l'inquiétude, le détachement et l'attachement, le regard critique et la tendresse inconditionnelle, le lien avec l'enfance qui se fait différemment, indissociable d'un lieu, d'odeurs, de saveurs, de couleurs que nous avons quittées, qui ne nous appartiennent plus mais qui ont fait ce que nous sommes. Impossible de ne pas constamment se sentir sur un fil, tiraillés entre ce qui est du passé et les choix d'avenir qui nous ont mené ailleurs, entre souvenirs impalpables mais omniprésents, lointains et proches.
Certains emportent leur enfance avec eux. Ils y restent attachés. Elle leur sert de balancier. Ils s'inscrivent dans une continuité qu'ils transmettent à leur propre progéniture. D'autres en sont coupés. Quelles incidences cela a-t-il sur le regard que l'on porte sur notre histoire. Et plus vaste encore, quelle incidence cela a-t-il sur le regard que l'on porte sur l'Histoire ? Est-on de force plus adultes ayant abandonné derrière soi les traces, souvenirs, attachements de l'enfance ? Le départ de sa communauté vaut-il rite initiatique ?
L'enfance est censée nous construire. Et pourtant. Lorsqu'on se coupe de nos racines, ce sont nos propres expériences qui prédominent. Nous nous construisons par le regard même qui nous détache. L'enfance prend ainsi une saveur douce-amère, même inquiétante, et le lien à l'enfance se développe dans ce détachement comme une bataille entre ce que nous avons été, ce qu'on aurait voulu que nous soyons et ce que nous voulons être.
Brigitte Bauer nous propose son regard sensible sur ce processus si délicat et fragile du détachement, du passage à l'âge adulte, de l'accomplissement de la liberté.
De la référence aux traditions à l'impact du religieux (en creux ou en plein), des saveurs et odeurs de la terre de chez soi aux espaces conquis par la force du rêve, de la continuité de la vie avec tous ses accrocs, du regard sans concession que la nature pose sur nous, tout est évoqué et s'enracine dans nos propres émotions: la liberté est un espace fragile qui ne devrait jamais enfermer la tendresse et l'attention dans des carcans trop étroits.
Annakarin Quinto, avril 2017
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Les images de Brigitte Bauer n'ont d'autre artifice que l'intention. Et un cadre dont elle a seule le secret. Il semble constamment s'en échapper des émotions, des histoires, des non-dits, des révélations et parfois l'aspiration vers un ailleurs indéfini.
Après le livre D'Allemagne publié en 2003, ce nouvel ensemble de photographies inédites est proposé sous le titre de Haus Hof Land (maison ferme pays). Cela pourrait sembler plus intime et plus personnel. Il n'en est rien. Au contraire. La distance croît. La pudeur se développe. Et le détachement laisse toute la place au spectateur qui peut y lire, voir découvrir, son propre parcours. Le regard tient lieu de révélation.
Des images suspendues sans être immobiles, pleines de souffle et de respirations, émergent ces émotions étranges et parfois âpres que ressentent les déracinés. L'amour et l'inquiétude, le détachement et l'attachement, le regard critique et la tendresse inconditionnelle, le lien avec l'enfance qui se fait différemment, indissociable d'un lieu, d'odeurs, de saveurs, de couleurs que nous avons quittées, qui ne nous appartiennent plus mais qui ont fait ce que nous sommes. Impossible de ne pas constamment se sentir sur un fil, tiraillés entre ce qui est du passé et les choix d'avenir qui nous ont mené ailleurs, entre souvenirs impalpables mais omniprésents, lointains et proches.
Certains emportent leur enfance avec eux. Ils y restent attachés. Elle leur sert de balancier. Ils s'inscrivent dans une continuité qu'ils transmettent à leur propre progéniture. D'autres en sont coupés. Quelles incidences cela a-t-il sur le regard que l'on porte sur notre histoire. Et plus vaste encore, quelle incidence cela a-t-il sur le regard que l'on porte sur l'Histoire ? Est-on de force plus adultes ayant abandonné derrière soi les traces, souvenirs, attachements de l'enfance ? Le départ de sa communauté vaut-il rite initiatique ?
L'enfance est censée nous construire. Et pourtant. Lorsqu'on se coupe de nos racines, ce sont nos propres expériences qui prédominent. Nous nous construisons par le regard même qui nous détache. L'enfance prend ainsi une saveur douce-amère, même inquiétante, et le lien à l'enfance se développe dans ce détachement comme une bataille entre ce que nous avons été, ce qu'on aurait voulu que nous soyons et ce que nous voulons être.
Brigitte Bauer nous propose son regard sensible sur ce processus si délicat et fragile du détachement, du passage à l'âge adulte, de l'accomplissement de la liberté.
De la référence aux traditions à l'impact du religieux (en creux ou en plein), des saveurs et odeurs de la terre de chez soi aux espaces conquis par la force du rêve, de la continuité de la vie avec tous ses accrocs, du regard sans concession que la nature pose sur nous, tout est évoqué et s'enracine dans nos propres émotions: la liberté est un espace fragile qui ne devrait jamais enfermer la tendresse et l'attention dans des carcans trop étroits.
Annakarin Quinto, avril 2017
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